IMPRESSIONS

Installations : la maison, le personnel

Marie a donc finalement réussi le tour de force de rendre la maison habitable.

Pour tout meuble, à part la chambre à coucher qui est complète, nous avons deux fauteuils en osier et une table du même style avec un dessus en verre.
Hassan a pris son travail de gardien et commence à nous impressionner avec sa culture de la littérature française et sa gentillesse, même si, au début, il testera Marie et essayera de voir jusqu'où  il peut se permettre d'aller. Souad a aussi commencé, trois jours pas semaine, à faire le ménage et nettoie avec Marie, toutes les salissures laissées par les ouvriers.

Un petit tour de notre home ?

 



La chambre avec les meubles fabriqués localement




 

En face du lit, la clim :
Comparez avec la photo déjà publiée,
c'est pas parfait, mais c'est beaucoup mieux 


 

La cuisine, c'est mieux aussi, non ?

 



 

Autre vue de la cuisine
La finition laisse toujours à désirer...




On a déjà vu la façade avec notre mobilier restreint




Dans l'autre sens, on sort de la cour à droite,
à gauche c'est l'abri voiture qui restera vide pendant un an 




L'abri voiture, en tournant à gauche, la galerie, derrière la maison


 

La galerie, à l'arrière, où je passerai de nombreux après midi à travailler,
Mais aussi à profiter des chats 

 

Au bout de la galerie, à gauche, bien sûr, le dernie côté de la maison,
avec la porte de la salle à manger à gauche,
le générateur et la "salle des fêtes" en face


 

 

Le tour est fini, la porte d'entré de la maison


 

 

Et la ruelle par laquelle on arrive chez nous,
le portail rouille, à droite, c'est là 

 

Je ne vous propose pas pour l'instant de photos de la salle à manger, de la chambre d'amis ni de la pièce que nous appelons le bureau mais qui servira de réserve car non climée.

Les débuts ne seront pas simples, car la chaleur d'octobre est encore difficilement supportable dans la journée, si on a pas de temps en temps une pose clim. Surtout la première année, alors que l'on n'est pas habitué. Ensuite, ça va, on arrive même, sans être en hauteur, à dormir sans climatiseur.

Le midi, quand je rentre du boulot, Marie a préparé le repas. Nous mangeons dehors, parfois, souvent dedans car il fait moins chaud dans la salle que sou l'avant toit qui ne fait qu'abriter du soleil mais amplifie la chaleur. Ensuite, douche puis sieste dans la chambre agréablement refroidie (à 25°, tout est relatif).
Aprés-midi travaux dans la maison (il y a tant à nettoyer, des couches épaisses, on les attaque à l'acide !) parfois promenades en ville, mais comme il faut prendre le taxi à chaque fois ... et très rarement restau, n'oubliez pas que nous y avons mangé matin midi et soir pendant un mois !
Marie fait les courses le matin avec Hassan qui l'accompagne partout, même pour les démarches administratives, pour la télévision, ... un ange gardien. 

Je ne m'inquièterai pas pour Marie, car il lui indiquera, dira lorsqu'elle ne peut pas aller quelque part, et l'accompagnera à des endroits que les militaires évitent, par ordre. En particulier, elle ira dans le quartier honni par les djiboutiens (ceux de la capitale) car considéré comme le quartier des immigrés éthiopiens et des Affars, Arhiba.
Echange de bons procédés, nous lui octroierons deux jours de congés hebdomadaires non prévus dans son contrat, et il occupera notre maison avec sa femme et leurs enfants pendant nos congés en France. Je ne cache pas que cela nous rendra service, puisque la maison sera occupée, mais nous n’imaginons pas l’obliger à rester sept semaines à garder la maison seul, sans voir sa famille. Tout le monde y trouvera son compte d’autant qu’il pourra en plus prendre ses congés après les nôtres. Marie se prendra d’affection pour ce charmant garçon, fin intelligent et cultivé qui d’ouvrira à elle. Il lui parlera de son enfance, de son mariage, de ses désillusions. Titulaire du B.E.P.C. français, il s’inscrira au LIC, lycée industriel et commercial avec son aide et passera le bac en candidat libre. Pour le soutenir, nous assumerons toujours au moins la moitié des frias. Il réussira et s’inscrira à l’université de Djibouti en première année de lettres modernes en cours du soir et obtiendra sa première demi année au moment de notre départ. Son érudition quant à la littérature française, sa curiosité intellectuelle, sa gentillesse et son ouverture d’esprit, relative, de par sa religion qu’il pratique activement, mais réelle, en feront plus qu’un employé, pas loin d’un ami. L‘amitié et le respect que Marie lui porte, les conseils et encouragements qu’elle lui prodigue lui ont redonné l’envie d’entreprendre, ont vaincu la résignation. J’espère que les sentiments que nous lui portons sont partagés, je n’en doute pas trop, d’ailleurs, car le dernier mois que je passerai à Djibouti, le mois d’août, mois de ramadan, alors que nous ne l’employons plus depuis fin mai, lorsque nous avons rendu la maison, il viendra régulièrement passer un moment au bureau (voire la matinée !) pour profiter de ma présence et de la fraîcheur du bureau (il ne le cachera pas !).
Par égard pour ses convictions je ne publierai pas de photos de lui ni de sa famille, bien que l’envie en soit forte. Il nous invitera chez lui, lorsqu’une de nos filles, son mari et leur bébé viendront nous rendre visite pendant deux semaines. Nous irons donc dans sa « maison » de Balbala, une vraie maison en dur de deux pièces, avec des toilettes extérieures, mais pas l’électricité ni l’eau courante. La cour est entourée de matériel de récupération, planches, anciennes portes, cartons, le toit est en tôle ondulée, sans véritable isolation, mais ils sont propriétaires du terrain et des murs, grande fierté, pour lui, mais aussi pour nous. Nous ferons à cette occasion beaucoup de photos et vidéos de la famille, échangerons nos bébés, ce sera un grand moment d’émotion, partagée, je crois. Voir notre fille avec le bébé noir d’Hassan ans les bras et la femme d’Hassan avec mon petit-fils, boire un coca avec le bébé d’Hassan endormi sur mes genoux, entendre les rires des deux jumelles devant nos facéties, souvenirs exceptionnels. La fierté avec laquelle il nous a raccompagnés à la voiture, au milieu des voisins, au cœur du bidonville, nous confirme, si besoin est, l’honneur qu’il ressent de notre visite, le statut social qu’il en retire devant ses voisins.
Nous avions décidé, Marie et moi, en plus de n’engager que des employés déclarés et autochtones, d’essayer d’aider quelques personnes à se sortir de leur misère : nous pensons avoir réussi avec Hassan et sa famille. Au moins est-il sur des rails qui peuvent lui permettre d’obtenir un emploi plus rémunérateur et moins astreignant. Resta à savoir si Marie partie, la motivation restera et le besoin de lui prouver qu’il est à la hauteur de ce qu’elle lui a laissé entrevoir … Cela dépend de lui.
Un échec quand même : Marie n’arrivera pas à le convaincre d’éviter à ses filles l’excision et l’infibulation. Comme beaucoup d’hommes de la région, il se cache derrière l’argument facile : « Ce sont des affaires de femmes » et mon intervention n’y fera rien. Son épouse est d’origine somalie et complètement sous l’emprise de sa famille. La tradition prime sur tout raisonnement. Une des preuves : un des jeunes frères d’Hawa, l’épouse donc d’Hassan, est atteint de la tuberculose. Le traitement est gratuit. Marie essaie de les persuader de descendre tous les jours récupérer les médicaments qui sont délivrés seulement quotidiennement. Elle les sensibilise à la gravité de la maladie et je confirme, j’ai eu la tuberculose. Mais rien n’y fera, le père d’Hawa emmènera son fils chez un sorcier somali, le résultat vous l’imaginez, il est mort, à 13 ans. Mais c’est le désir de Dieu, qui souhaite le rappeler à lui …

Nous échouerons avec la deuxième de nos employées, Souad. Jeune mère célibataire d’origine somalie elle aussi, ce qui créera parfois des tensions avec Hassan, Affar je le rappelle, elle est vive et enjouée et paraît mordre la vie à pleine dents. Je ne la verrai jamais faire autre chose que rire et plaisanter en travaillant (Marie qui la connaîtra évidemment mieux n’a pas la même opinion d’elle mais Souad est une charmeuse avec les hommes, et ne se montrera à moi que sous son meilleur jour).

 

Souad est d'une nature heureuse et insouciante. Elle est toujours prête à faire une pose ou à s'amuser. Elle est mère d'un petit garçon. Où est le pére? Parti en Somalie. Elle bosse donc pour gagner leur vie à tous les deux mais comme elle veur réussir, elle a elle-même un femme de ménage qui entretient la pièce où elle vit et garde le petit. Habillée comme une reine lorsqu'elle sort dans la rue, avec voile sur la tête, lunettes de soleil, elle joue la star. A la maison, en shit, ce n'est plus la même. Très jolie de visage, elle rêve de grossir (je la trouve déjà plutôt empatée !!!) parce qu'elle trouve ça beau (ou plutôt riche ?). C'est quand même une bosseuse, quand elle s'y met et la maison est nickel. Mais Marie doit être derrière. Elle lui propose d'ailleurs des cours de français, afin qu'elle le parle mieux et sache lire et écrire correctement. Souad accepte et ne vient pas travailler évidemment pendant les cours que nous payons. Malheureusement, la directrice de l'organisme dans lequel elle est inscrite est une amie, et un jour la discussion tombe sur Souad. L'amie s'interroge : il me semble qu'il y a longtemps que je ne l'ai pas vue ! Et promet d'appeler Marie le lendemain, après vérification. En effet il appert qu'elle n'est venue qu'aux deux premières séances. Interrogée par Marie, elle répondra : c'est trop difficile et puis j'avais d'autres chose à faire ...

Je regretterai son départ après que Marie, qui l'aura aidée dans des moments difficiles (grossesse pour rapports non protégés, on rêve, en Afrique !!!, maladie vénérienne, ...) se soit résolue à la licencier car elle avait tendance à prendre ce qui ne lui appartenait pas même de l'argent. Pas de grosses sommes, de la monnaie, mais la confiance n'était plus là. Sa bonne humeur mettait une ambiance joyeuse dans la maison. A son départ, c'est l'épouse d'Hassan, Hawa, qui prendra la place. Elle aura parallèlement des cours de cuisine, de français, de lecture et d'écriture par Marie afin qu'elle puisse trouver un autre job à notre départ, et avec ces nouvelles qualifications, demander un meilleur salaire.

Hawa, ce n'est pas Souad. Portant la burka ou le nikham dans la rue, avec tout ce qu'il faut, chaussettes, gants, on ne voit pas un pouce de sa peau. Heureusement qu'à la maison elle enlève tout ça, et ne garde que le shit et un léger foulard dans les cheveux. Moi qui suis complètement intolérant avec l'intolérance, je n'aurais pas supporté, et c'était la condition pour quelle puisse travailler chez nous.

Elle supportera d'ailleurs peu ma présence dans la même pièce que moi, d'autant que, quand je rentre du boulot, je me mets en futah et torse nu, et la semi nudité, bouh!!!! Le diable, chaitan !

Côté boulot, rien à dire, question joyeuseté et bonne humeur, bof ! Enfin, comme le temps que je passe au boulot est de plus en plus important, si Marie y trouve son compte, je me passerai des éclats de rire de Souad et j'éviterai d'aller dans les pièces où se trouve Hawa.


Il nous faudra beaucoup travailler, surtout Marie, Souad et Hassan, mais aussi moi, l'après midi pour rendre la maison présentable. Les peintures ont dégouliné sur les plinthes, voire sur le sol, et tout paraît sale. Il faut gratter, laver, frotter, et parfois attaquer à l'acide chlorydrique.
La preuve :

 



Je porte, comme souvent à la maison, la futah, jupe traditionnelle pour hommes. Elle se porte sans ceinture et Chacha s'amusera souvent à tirer dessus pour voir si elle tient bien (et si nous la portons à l'écossaise).

En ce qui me concerne, je sais la nouer, Hassan m'a bien formé

 

 

 



09/04/2012
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres