IMPRESSIONS

Djibouti ?

 

Mois de juin 2007, Marie et moi sommes en vacances. Nous traversons le Massif central, en voiture, par l'autoroute. Nous venons de chez une de nos filles, à Lyon, et allons chez nous, à Soulac sur Mer.
Le téléphone sonne. Le Ministère des affaires étrangères.

- Monsieur R ? Bonjour, c'est Mme G.
Le Ministère a une proposition à vous faire. Djibouti, ça vous intéresse ?
- Excusez moi, je suis au volant, je vous rappelle du prochain parking ...

Djibouti ?
C'est l'Afrique ?
C'est chaud de ce que j'ai entendu dire !
Pour faire quoi ?
Je ne sais pas, elle ne me l'a pas dit.

Sur le parking suivant je rappelle.
Pour faire quoi ? Gestion de personnels ? OK, ça m'intéresse.
Combien dîtes vous ? Ah! au moins ?
Oui, c'est d'accord, je prends !
Je reprends contact avec vous dès que possible pour monter le dossier.

Oui, mais c'est où ?
Si je me souviens bien, ce devrait être ...
Pourtant, je devrais savoir, j'ai assez discuté au téléphone avec le directeur
de l'école Dolto au téléphone ...

Non, je ne sais pas. Allez, un atlas!
Traversez la Méditerranée, en vous dirigeant légèrement vers l'est, passez au
dessus des pyramides, descendez le long de la Mer Rouge, là où le Yemen
fait une dent vers l'ouest, juste en face, avec le golfe d'Aden en vis à vis,
c'est là.



Bon, c'est pas bien grand. A côté de l'Ethiopie, ou même de la Somalie, c'est
tout petit. Plus petit que la Bretagne. Environ 800 000 habitants, dont environ la moitié se trouve dans la capitale, seule "vraie" ville du pays.
Et moins de la moitié de la moitié habite véritablement la capitale, l’autre grosse moitié vit ou survit dans un quartier extérieur, sur les collines, à Balbala, dont je vous reparlerai plus loin.


Montage du dossier, tournée de la famille, pots d'adieu, je vous passe les détails, les angoisses, les mises en garde, les vous êtes fous, les à votre âge, ... fin août, on est toujours à Nantes. Manque le feu vert de la faculté.
Enfin, mi septembre, on l'a. Le médecin du ministère donne son accord, on peut partir.
Va pas falloir qu'y penser, va falloir aussi y aller.

Les billets sont mis en place, départ de Nantes le 21 septembre vers 16 heures (merci Cricri de nous avoir amenés à l‘heure, malgré les bouchons), escale et changement d'avion à Roissy, on arrive à Djibouti le 22 vers 7 heures du matin.
Fiers d’être là et fiers d’avoir réussi notre vrai vol, le tout premier c’était un Bordeaux Francfort d’à peine une heure. Plaisir du décollage, plaisir de l’atterrissage, découverte de Roissy, déjà beaucoup de nouveautés.

Les portes de l’avion s’ouvrent, tout le monde se précipite, bien sûr pour attendre que ceux de devant puissent avancer.
Enfin nous pouvons sortir.
Choc chaleur, choc lumière. Soleil blanc. Descente sur le tarmac, à pieds on
gagne le bâtiment de l'aéroport, on dégouline, on est perdus, il fait chaud, on 
est fatigués, mais pour la première fois de notre vie, on est en AFRIQUE.

Vous vous rendez compte ? Nous pas encore, mais je crois que ça va venir. Enorme. J'embrasserais bien le sol, mais je ne suis ni pape ni président de quoi que ce soit, alors, je m'abstiens. Mais, excusez, PUTAIN ! je suis en Afrique ! 

J'en ai rêvé, quand j'étais gosse, avec les livres de René Guillot, "Traqué dans la brousse", notamment, ou les aventures de la famille Mahuzier, la vie d'Albert Schweitzer (drôle, c'était notre rue à Mâcon); certes ce n'est pas l'Afrique des grandes forêts, des fauves, mais c'est quand même l'Afrique, non ?
Séquence émotion comme dirait quelqu'un. Déjà lorsque l'avion s'approchait
de la piste d'atterrissage, par les hublots, le bleu de la mer Rouge, le rouge de la terre, la végétation, tout concourait au dépaysement et je la sentais arriver, mais là on la touche des semelles de nos chaussures. 

On fait la queue pour montrer nos beaux passeports de service tout neufs, puis on passe dans le hall où on récupère les bagages (bagages tous neufs aussi, offerts par les collègues de l'Agence à Nantes, (pour chacun sac de cabine et valise assortis, tous les 4 du même bleu métallique et en taille king size pour moi, merci encore les collègues, surtout que certains n'étaient pas heureux de nous voir partir).

Et là déjà on s'aperçoit que vraiment on n'est plus en Europe. Tapis roulants qui ne fonctionnent pas, passagers amassés, porteurs omniprésents, locaux qui essaient de passer devant les autres, parvenus du pays qui essaient de passer devant les locaux, militaires blasés, militaires perdus comme nous, ça brouhahate, ça crie, ça bouscule, et ça transpire. Aucun visage connu, bien sûr et pourtant si, je reconnais Francine, que j'ai rencontrée au Ministère à Paris pour le stage des partants.
Enfin les tapis roulants se mettent à rouler, les bagages à arriver, on récupère chacun les siens, on se dirige vers la sortie et on se fait alpaguer (ils avaient une pancarte ? Je ne me souviens pas !) par les gens de l'Ambassade.

Ouf, nous sommes attendus. Je n'aurais pas su comment faire, s'il n'y avait eu
personne : pas d'argent, pas de téléphone, pas de numéro non plus d'ailleurs
à appeler... Bon, Yann et Dominique sont là, l'un avec le pick up du service l'autre avec sa voiture perso. On empile les bagages dans le pick up, on se présente, et je fais connaissance avec Saïd que je vais côtoyer plus ou moins régulièrement pendant 4 ans. Saîd, chauffeur à la gueule de truand. Mais LE connaisseur de l'administration et des combines qui font que toute démarche longue et coûteuse devient rapide et parfois un peu moins coûteuse. Parfois. Mais un sens du de voir, un honneur, un bagout, et je suis sûr, un coeur. Faites lui confiance, en étant vigilant, il comprendra et vous accordera la sienne en échange. J'ai beaucoup aimé avoir à bosser avec lui. 8 ou 9 gosses, leur assurant la nourriture, essayant de leur offrir la possibilité d'études supérieures, fier, un yéménite.


Tiens, on n'est pas les seuls à arriver en même temps et si tardivement, pour
une prise de fonction le 1er septembre. Francine, bien sûr mais Alain aussi et peut-être d’autres, mais dans la bousculade, dans l’ahurissement de l’arrivée, nous obéissons et suivons.
Bagages dans le pick-up, donc, nous montons dans la voiture de Dominique. Destination le centre ville, l’hôtel Europe, où une chambre nous est réservée.
Nous suivons des rues larges, rectilignes, peu de voitures (il est un peu plus
de 7 heures, samedi matin) nous regardons de tous nos yeux les gens, les véhicules, les bâtiments, les animaux, mais je n’enregistre rien. Le trajet est des plus simples et des plus courts, je le constaterai plus tard, mais ça me semble long et compliqué : je suis perdu, déboussolé, on me poserait au bord de la route, je resterais là, hébété. Un objet.

Un dernier rond point, des arbres, des bâtiments qui semblent être des bâtiments, nous sommes arrivés. C’est ça le centre ville ?
Descente des bagages, on entre tous dans l’hôtel, distribution des clés, Yann me dit :
- Demain à 7 heures, Saïd vient te chercher pour te conduire au travail.
N’oubliez pas d’emmener Alain.

- D’accord, merci et à demain. Chambre 208. Deuxième étage, on nous guide, on entre dans la chambre, les bagages ont suivi, le porte se ferme. On est où ?
On fait quoi ? Quelle heure est-il ?

D’abord, mettre la clim. Ca marche comment ? Un vrombissement, de l’air tiède puis frais, les nombres correspondant aux températures et réglages sont depuis longtemps effacés. Je règle au nez, on corrigera et comprendra à l’usage.
Marie et moi sommes d’accord : fatigués par le voyage, la chaleur, le dépaysement et l’émotion (nos filles, familles, amis et copains sont maintenant à 7000 km, nous n’avons aucun moyen de les joindre, nous sommes condamnés à rester trois ans, coup de blues !) une sieste s'impose. 

Réveil difficile, où on est ? C'est quoi cette chambre ?
Après le réveil, nous décidons de prendre contact avec la ville. Sortie dans le couloir : choc chaleur et humidité. Il faisait presque frais dans la chambre.

Dehors, place Ménélik, presque personne. C'est un samedi de Ramadan et,
nous le saurons plus tard, les gens ne sortent qu'après le coucher du soleil.
 

Nous traversons la place Ménélik :

 


Le désert. On se dirige vers l'axe qui semble le plus fréquenté en longeant le centre médical.


Ca a bien changé depuis : Air Ethiopie, le glacier italien (hein les filles) ...


Puis on tourne à droite au croisement et on se dirige vers ce qui semble être la mer. Des bâtiments presque luxueux sur gauche, beaucoup moins sur la droite, une gargotte, on arrive à l'eau.
En fait ce n'est pas la mer. Une retenue ? C'est entouré de gravas, pas

terminé, il ya des détritus partout, beurk !

De l'autre côté de la rue, une grande place pavée, une statue, des palmiers, un grand
parking vide. C'est le palais du peuple. On est en pays communiste ? Toujours personne dans la rue. 
Demi tour, on passe deux rue et on prend la rue de Marseille (c'est écrit au mur, vous verrez les photos dans un autre article). Un type se lève, noir bien sûr, grand, maigre, torse nu (on arrive d'Europe, n'oubliez pas) en jupe, et il passe les mains dans sa jupe et lenlève : il est à poil!  Ne nous regarde pas et continue sa vie, c'est à dire va retrouver un pote qui a une bouteille d'eau et ils se lavent. Retour à l'hôtel. On est où ????Repas dans le restau de l'hôtel (premières mises au point, pas de porc, pas d'alcool, y a pas de tout, mais c'est bon), on remonte dans la chambre, je prépare mon costume et ma cravate pour demain et dodo. Demain, je bosse, moi.

 

 

 

 



28/10/2011
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