IMPRESSIONS

Djibouti premier jour

Réveil, de nouveau cette impression d'être perdus, pas de Carole, c'est dur, ça, plus de fille avec nous.

C'est la première fois, sauf lors de vacances, stages, ... que nous nous retrouvons sans au moins une de nos filles, et ça pour un an !
Je crois que les moments les plus durs de ma vie  ont été le premier jour de nourrice de mes filles, quelle inquiétude, ce ne sont plus nos filles, elles vont être abimées par la nourrice, elles qu'elles ne seronts pas maltraitées, ... et le moment où je les ai laissées : Céline à Nancy, Cora à Paris, et Carole, juste il y a deux jours, en quittant l'appart à Nantes. Et on imagine aussi, évidemment, leur solitude à elles. D'un coup hors de la cellule familiale, de ses contraintes mais de sa chaleur, comment vont-elles supporter?

Pour l'instant je sais encore pourquoi j'avance : Carole n'a pas fini ses études. Il faut donc encore l'aider à aller au bout de sa formation. 

Et après, lorsqu'elle travaillera, quelle motivation trouver ? Elles sont avc nous depuis notre rencontre, d'abord une, puis deux puis trois, ... puis deux puis, une, et maintenant encore ue, mais loin et dans quatre ans, zéro.

Je n'ose imaginer la remise en question que cela amènera. Blues.

Mais bon sang, on l'a voulu, on est en Afrique, et faut aller taffer. Faire connaissance avec les collègues, le lieu de travail, le trajet tout, quoi. Pour une fois, l'expression "en pays inconnu" est complètement vraie.

On descend prendre le petit déjeuner à l'étage au dessous, jus d'orange frais, pain frais, croissants chocolatines frais, café, thé, lait, beurre, confiture, salade de fruit, yaourt il y a tout. Bon, tant qu'on est là, déjà, le petit dèj sera un bon moment.

retour dans la chambre, douche, costard, cravatte, mocassins, que c'est lourd, tout ça. Nous étions descendus au petit déj en chemisette et pantalon léger et c'était déjà presque trop, heureusement qu'il y avait la clim. 
La chambre, tiens, quelques photos pour vous montrer :

 


 



La salle de bains. Les deux robinets sont là pour la déco :
il n'y a pas d'eau chaude. Plutôt, en été, il n'y a pas d'eau froide.



La kitchenette dont nous ne nous servirons jamais.
Sauf du petit frigo pour avoir des boissons fraîches et de l'eau.
elle du robinet est potable, mais très forte en goût et il ne faut pas en abuser. 

 


Donc je suis habillé pour le bureau, il est presque 7 heures, je descends dans la rue. Marie m'accompagne. Nous avons convenu qu'elle essaierait de prendre des repères dans la ville et visiterait ce qui peut l'être sans risque en taxi. Elle doit prendre des photos et nous partirons de là pour chercher à nous loger. Ceux qui sont arrivés avec nous ont un appartement réservé aux "32 logements", ils ont déjà visité hier soir, aujourd'hui ils devraient avoir l'eau et l'électricité et seront dans leurs murs ce soir. Et avec des loyers plutôt préférentiels. Différence de statut, de recrutement, de moment... Ce ne sera pas le cas pour nous. A ce que j'ai compris des conversations téléphoniques que j'ai eues avec l'ambassade avant de partir, mais ce n'était pas très clair.

Saïd est là, un sourire, on se vouvoie encore, du moins moi je le vouvoie. Il me fait signe de monter, mais je lui demande si on n'attend pas M. G. qui doit venir avec nous au service. Bizarrement, Saïd ne semble pas comprendre ce que je dis, il me fait signe de monter et c'est parti.

En cinq minutes on est arrivés. Pas le temps de regarder ce qui va devenir ma route dans les années à venir. Je suis accueilli par Yann. Yann que je ne connais que depuis hier mais dont je connais le nom depuis 1989, que je lis dans des communications diplomatiques depuis cette date, qui est passé en Allemagne au SCAC juste avant que j'y vienne, une pointure ! Je suis quand même un peu intimidé.

Il commence par engueuler Saïd par ce que M. G. n'est pas dans la voiture. J'essaie d'intervenir, expliquant que ce cher Monsieur n'était pas là quand nous sommes partis, que ci, que ça, mais rien n'y fait. Saïd doit retourner le chercher à l'hôtel.

J'imagine qu'il s'est passé qualque chose hier après midi lors de la visite des appartement par les nouveaux arrivant pour que Saïd oublie volontairement M.G. à l'hôtel. Je n'en saurai pas plus.

Yann me guide, j'entre dans les locaux du SCAC.

 


 

L'extérieur 

 

 



L'accueil, siège du fabuleux 




Le couloir du rez de chaussée :
la porte de mon bureau, la première à droite. 

 

 

Il me présente le réceptionniste, jovial, chaleureux, qui m'accueille d'un retentissant Monsieur R. que je suis content de vous voir, vous étiez si sympathique au téléphone, j'avait très envie de vous voir.

On se sert la main, on continue. Mon adjoint, O. la collègue de la comptabilité, R. , la collègue qui s'occupe du livre, E., et aussi la secrétaire qui me sera commune avec l'attaché, Dominique, qui sera aussi mon chef direct, ... on monte à l'étage, le patron, sa secrétaire, la secrétaire de Yann qui sera d'ailleurs et à mon grand plaisir ma collaboratrice, au départ de Yann, en remplacement de O., suppression de poste oblige, la gestionnaire du personnel (le poste que l'on m'avait annoncé, mais non, ce ne sera pas ça mon travail, bien que je vienne de passer 5 ans à Nantes à en faire et à encadrer les gestionnaires, mais bon, ce sera les bourses universitaires et quelques autres dossiers, l'adjointe de la dame du livre au rez de chaussée, c'est tout, je crois. Des bureaux vides aussi, les postes ont une fâcheuse tendance à disparaître. Il paraît que tout était plein il y a deux ans !

 

On m'explique que le costume, bon d'accord, mais seulement dans des conditions très exceptionnelles, en cas de rencontre avec un ministre ou dans des cas de ce niveau, sinon la chemisette et la cravatte pour aller à l'Ambassade ou si des visiteurs importants se présentent au service. Bien, vu la température, je suis soulagé. J'en rencontrerai, au cous des années à venir qui ne se plieront pas à cette adaptation au milieu local mais conserveront l'uniforme parisien...

Je ne m'attarderai pas trop sur cet aspect travail de ma vie à Djibouti, d'abord parce que je n'en ai pas trop le droit, j'ai signé des engagements dans ce sens, d'ailleurs, en signant mon contrat à Paris, et puis parce que les trois premiers mois seront difficiles, au point que j'ai pensé rentrer. Il n'y a rien de pire, quand on a travaillé à fond pendant quelques treize années à l'AEFE que de se retrouver en terrain inconnu avec peu de choses à faire, personne pour vous expliquer ce que l'on attend de vous. Ensuite ça s'est arrangé mais parce que je m'en suis trouvé du boulot, mais j'ai l'impression que j'aurais pu rester comme ça pendant les deux années que j'ai passées dans ces locaux avant de déménager ans que cela gène grand monde. 
Enfin, je ne me souviens plsu très bien de ce qui s'est passé ce jour là sauf que ça a été le jour de la rencontre avec, et je le nomme, lui, Bruno. Chiffreur, chargé de l'informatique avec Laurent, V.I., il est venu de l'ambassade, configurer mon poste de travail. On s'est présentés , et c'est vrai qu'on avait des choses à se dire puisque j'ai eu les mêmes dossiers que certains des siens pendant 5 ans à Paris. Des connaissances communes, un corps, les chiffreurs, asses soudés, 
tutoiement obligatoire. 

- Tu manges où, ce midi ?

- Je ne sais pas.

- Alors tu viens manger à la maison.

- Il faut que je prévienne ma femme à l'hôtel !

-Tu l'appelles et on passe la chercher en passant, c'est sur le chemin.

 

Personne dans le service ne m'a jamais offert autant que Bruno, le premier jour. Bruno et Catherine, son épouse, qui nous ont accueili dans leur maison, le midi, malgré leurs trois enfants et le petit djiboutien qu'ils hébergeaient presque à temps complet.

La générosité telle qu'on se l'imagine ou qu'on la rêve entre français de l'étranger.

On avait d'ailleurs eu un exemple de cette générosité en Allemagne, étrangement d'un autre chiffreur Michel et de sa femme Janine. C'est le métier qui veut ça ? 

Des gens extraordinaires !
Ah! oui, j'oublié de vous dire que  nous travaillons au rythme musulman. La semaine commence le dimanche, le jour de prière est le vendredi. Le week-end de l'ambassade est le vendredi et le samedi. Au SCAC nous travaillons de 7H00 à 14H00 ce qui fait que nous avons tous les après midi libres et que le week-end commence le jeudi à 14H00. Cool!!!!!!!!!! Il y a théoriquement des permanences et des obligations de représentation, mais bizarrement pendant les deux premières années, rien pour moi ! Je crois que je ne représentais rien pour ma hiérarchie, qui buvait tous les matins le café en cercle fermé. Vous pensez, un pauvre connard d'instit. Tant pis, j'ai trouvé des intérêts à la vie à Djibouti en dehors du travail. Ca a changé les deux denières années, heureusement.C'est vrai que le harcèlement au travail peut revêtir différents aspects, et la négation de l'importance de quelqu'un peut en être une illustration. Heureusement qu'il y avait les collègues et les "clients" djiboutiens. Bon je m'égare. Donc à 14H00, je sors et retrouve Bruno qui m'emmène récupérer Marie et nous partons chez lui. Grande maison (au bord d'une lagune dépotoir mais où l'on peut voir selon les saisons des ibis, des flamands roses, des pélicans ... et de laquelle on voit la mer!) mais il faut ça pour 3 enfants et quelques et une femme de ménage-cuisinière nounou. Catherine, l'épouse de Bruno est là et on passe à table. Repas simple, improvisé, mais chaleureux. Ca fait du bien, bien que nous ne soyons ici que depuis euh... une journée et demie ?

 

Catherine et Bruno seront nos "introducteurs dans le milieu français : ils nous présenteront Maryse et Pierre, leurs voisins, tout aussi extraordinaires et désintéressés. Ces deux couples nous promèneront toute la première année que nous passerons sans voiture. Ils nous prêteront leur voiture lorsqu'ils rentreront en vacances en France. Comme ça, sans que nous demandions quoique ce soit. Comment les remercier ? Indirectement, en faisant la même chose avec des arrivants suivants. Et en prêtant notre voiture et notre maison à des copains et copines en recherche d'appartement. Je pense que c'était le meilleur hommage que nous pouvions leur adresser que de continuer la voie qu'ils nous avaient montrée.

 

 

Retour à l'hôtel, sieste, réveil vers 18 heures. On va faire un tour pour voir ou aller manger ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



13/03/2012
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