IMPRESSIONS

A la recherche d'un logis et premières expériences au travail

Quand nous partons pour Djibouti, nous ne savons pas si nous serons logés.

Mais notre petite dernière finit ses études (plus que 4 ans ...) et nous lui laissons l'appartement que nous louons à Nantes avec tous lesmeubles et le reste. En même temps, nous y trouvons notre compte aussi : la cave est pleine et où mettre tout ça ?

Nous ne sommes malheureusement propriétaires que d'un deux pièces sur la côte médocaine, et il est meublé. Pas de place pour plus.

Aussi, nous arrivons à Djib avec deux valises et deux sacs.Je comprends très rapidement que l'appartement qui aurait pu nous être proposé est occupé par mon chef qui a rendu la villa qu'il occupait seul et qu'il trouvait trop grande et trop ... chère. 

Il n'y a rien pour nous. La pauvre collègue qui s'occupe du parc immobilier est assez gênée et n’aborde pas vraiment la question.

 

Le "tu penses habiter où?" ou quelque chose dans le genre est assez clair…

 

Va donc falloir se trouver un logis. Et c’est Marie qui s’y colle. Elle s'inscrit dans une agence du Centre commercial du Palmier en Zinc et visite des apparts, des luxueux et immenses même pour des deux ou trois pièces, des pas luxueux, des pas immenses, avec la finition djiboutienne. En France, l’expression consacrée, à connotation raciste, évidemment, est : travail arabe. Ici, le travail arabe ce serait plutôt ce qu’il y a de mieux. Les vieux (tout est relatif) bâtiments du centre-ville ont été majoritairement construits par des yéménites. Travail djiboutien est le meilleur qualificatif que l’on ait trouvé. Ce n’est pas du racisme, voire même pas de leur faute : ils n’ont pas appris, tout simplement. Un peintre qui vous repeint un mur ne pensera pas à mettre des protections sur le sol, ne protègera pas les interrupteurs, ne scotchera pas les changements de couleur, il ne sait pas et, aussi, il s’en fout. D’ailleurs nous avons eu un peintre qui n’avait vraisemblablement pas de chez lui. Alors, pour lui, ceux qui ont un chez eux, sont déjà favorisés. Point trop n'en faut.

 

Elle  visite des maisons, aussi.

Quelques photos ?



 

 
Un des immeubles que Marie a visités 
Ca ne donne pas pas trop envie



Ca paraît mieux, mais ce n'est qu'une apparence 

 

Groupe électrogène 

 


J'ai oublié de vous préciser que nous avons quand même appris deux ou trois choses, de Catherine et Bruno, de Maryse et Pierre et d'autres collègues, un en particulier qui prend sur son temps de travail alors qu'il est débordé pour me faire visiter un appart libre, qu'il faut s'assurer, avant de signer qu'il y a un groupe électrogène en état et une réserve d'eau avec un surpresseur. Pourquoi un groupe électrogène? On le comprend aisément : coupures électriques fréquentes. La réserve d'eau et le surpresseur ? Eh bien c'est simple aussi. La réserve d'eau, c'est pour les coupures. Nous n'en connaîtrons, dans le quartier où nous habiterons, qu'un. Dans d'autres quertiers, moins résidentiels, plus populaires, il y en a beaucoup plus. La palme revient à Balbala dont je vous ai déjà parlé plus haut, des coupures pouvant durer une semaine voire plus. Comme c'est un quartier déjà défavorisé en temps normal, avec un point d'eau par ci, un point d'eau par là, vous imaginez les conditions de vie des habitants de ce quartier, qui, bien sûr, ont la chance de bénéficier des plus nombreuse et plus longues coupures d'électricité ...
J'admire ces gens, qui malgré ces conditions particulières, viennent travailler tous les matins aussi propres qu'il est possible de l'être et avec des vêtements soignés. Je pense à un en particulier, Hassan, mort depuis des suites d'un bloquage des reins mal soigné parce que le système de santé djiboutien est victime des détournements de subventions encore plus que d'autres secteurs et de la mauvaise qualité de l'eau. Neaucoup de djiboutiens se plaignent de maux de reins. Et le ramadan n'arrange pas les choses, lorsqu'il a lieu en été.
Hassan mettait un point d'honneur à venir au bureau propre et bien habillé et demandait seulement parfois l'autorisation de partir un peu plus tôt pour pouvoir s'occuper de l'eau. Je pense que je vous en raconterai mplus long plus loin.Le surpresseur, c'est parce qu'il n'y a pas de pression dans le circuit de distribution de l'eau. Le pays est plat, les chateaux d'eau pas très élevés, et la pression limitée de toute façon afin de ne pas trop fatiguer le réseau qui doit encore dater de l'époque où la France l'entretenait. Après l'avoir construit. Aussi, sans surpresseur, dans la maison que nous allons incessamment louer, nous aurons de l'eau à un seul robinet, à 50 cm du sol. Pas dans la cuisine, pas dans la salle de bains.
Le surpresseur est en fait une pompe qui pousse l'eau dans le circuit. 


 

 

 Une cuisine : jamais fermées, les cuisines sont un enfer lorsqu'on s'en sert


Et Marie visite : des cuisines non équipées et ouvertes. Explications : dans la gamme de logements que nous souhaitons vit normalement la classe moyenne djiboutienne. Donc avec des employés, souvent éthiopiens et non déclarés donc sans contrat, mal payés et corvéables à merci. Les cuisinières travaillent sur des réchauds à pétrole lampant, accroupies sur le sol et peu importe qu’elles aient chaud ou pas. Par contre la chaleur dégagée peut s’échapper et les odeurs d’oignons ou d’échalotes aussi. Pour nous, c’est aussi l’occasion de réchauffer le reste de l’appartement que l’on peine à refroidir. D’ailleurs, rien que le moteur du réfrigérateur suffit à faire monter la température de façon à ce que le séjour à la cuisine est quasi insupportable. Heureusement qu’ils sont tropicalisés et supportent plus que nos modèles européens.

 

 



Désolé : les toilettes.
Ouvertes aussi. Faut pas craidre le chaud, les insectes, les geckos ...
Celles là sont plutôt propres


 

Une salle de bains, plutôt bien aussi.
Remarquez l'élégance des tuyauteries apparentes.
Avantage indéniable : quand ça lache, et ça lache, pas nécessaire d'ouvrir le mur.
Expérience personnelle ; durée de vie d'un collier qui maintient les tuyaux, sous la douche : 9 mois. Après c'est rouillé, bouffé, ça se désagrège 

 

 

Finalement, l’agence ne sera d’aucune utilité. Ils ne sont vraiment pas sur le coup et pas efficaces. Et quand ils proposent des visites, ça ne correspond pas à ce que nous cherchons, en termes de surface et de nombre de pièces.
C’est finalement par hasard, le premier week-end, alors que Bruno nous ramène à l’hôtel, à deux cents mètres de chez lui, que nous notons (nous, dans ce cas, c’est Marie) le numéro de téléphone à appeler pour la location d’une « villa ». Marie rappelle dès le dimanche matin (rappelez-vous, week-end musulman le vendredi et éventuellement le samedi) et prend rendez-vous avec le notaire qui lui répond.

En fait, lui dit-il, lorsqu’elle lui explique le motif de sa visite, il ne connaît pas le propriétaire et ne sait pas vraiment pourquoi son numéro est proposé. Il va se renseigner mais ne peut rien pour nous pour cette maison. Je crois à postériori, qu’il voulait surtout ne pas rendre service à celui qui la louait ou peut-être préférait-il aider le propriétaire de celle qu’il propose à Marie de visiter immédiatement. Ce notaire, apprend-il à Marie pendant qu’ils roulent dans sa voiture (je suis monté dedans : parebrise fendu, direction un peu floue, sièges, bon, des sièges qui ont beaucoup vécu, ‘reusement qu’il y a des couvertures dessus, des portières qui ferment quand elles veulent et qui s’ouvrent quand elles peuvent,  mais vu la vitesse à laquelle il conduit, ça suffit bien. Et vu sa concentration et semble-t-il, sa vue, vaut mieux qu’il ne roule pas plus vite) ce notaire, donc, est un ancien ministre des finances (j’ai vérifié, c’est vrai). Comme tout politicien, pardon, comme tout politicien djiboutien, il est manipulateur, sait promettre, mais ne se sent pas lié par ses promesses. Mais nous arriverons à nous entendre, au fil du temps et des menaces que je pourrai proférer, lorsque nous partirons, connaissant par le travail quatre des nouveaux ministres nommés quelques mois avant ce départ. Pas très clair ? Tant pis, vous comprendrez si vous tenez jusqu’à la fin de cette partie djiboutienne du blog.

Ils arrivent donc à Boulaos, dans le quartier (ex-quartier car il n’y en a quasiment plus) des coopérants, et Marie tombe amoureuse de la maison.

 



 

 



24/03/2012
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